Chômage, Retraite, Partage des richesses : le point de vue CFTC

18 et 25 Août 2021, suite à deux interviews de Cyril Chabanier, Président de la CFTC.

Dans les mois à venir, des aides vont disparaître ou être remises en cause, notamment le chômage partiel qui sera beaucoup moins pris en charge par l’état. La CFTC estime qu’il est trop tôt et que dans certains secteurs où l’emploi est très compliqué, il faut continuer l’accompagnement actuel.

La réforme de l’assurance chômage :

La CFTC avait réussi à faire intégrer dans cette réforme un plancher pour les plus démunis (l’allocation journalière minimum), ainsi que des indicateurs économiques permettant de mettre en œuvre ou pas la totalité de la réforme.

Même si les indicateurs publiés en Septembre nous permettront de voir s’il y a effectivement un retour à meilleure fortune, certains sont discutables, et d’autres sont interprétables de différentes façons (Taux de chômage, Croissance économique, situation des jeunes).
Il faut savoir que, concernant l’accompagnement des jeunes (un jeune / une solution) et l’apprentissage, les chiffres ne sont pas mauvais parce que ces mesures sont sous perfusion…
Et si l’on parle des entreprises qui font faillite, et de celles qui ne dépose pas le bilan, les chiffres sont excellents … car il n’y a aucun intérêt à déposer le bilan aujourd’hui puisqu’il existe des aides permettant de ne pas le faire !

Mais que se passera-t-il lorsqu’il n’y aura plus d’aide par le « quoi qu’il en coûte » ?

Pour la CFTC, ce « retour à meilleure fortune » n’est pas au rendez-vous et nous demandons à ce que cette réforme de l’assurance chômage soit reportée d’au moins 6 mois (n’étant pas annulée par le Conseil d’état, mais juste suspendue *, elle sera de fait appliquée).

Des volets de cette réforme sont déjà entrés en vigueur (dégressivité de l’indemnisation).
Et l’on craint qu’au 1er Octobre 2021, les nouvelles modalités de calcul du salaire journalier soient appliquées.

La rentrée sociale sera également très chargée, et portera sur les questions économiques, le plan d’investissement des filières, le plan de relance, ainsi que le plan de développement des compétences qui est un énorme enjeu étant donné toutes les difficultés que les entreprises rencontrent pour recruter ;
Dès mi-Septembre, le pdt Macron travaillera avec les Partenaires Sociaux pour préparer la présidence Française de l’Union Européenne au cours de laquelle des grands enjeux seront à mener, comme le salaire minimum Européen et l’égalité Femme-Homme au niveau de l’Europe.

(des questions sur les indemnités Pôle Emploi ?   contactez-nous)

 

La réforme de la retraite :

Le pdt Macron veut repousser l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Pour la CFTC, il n’y a pas d’urgence à relever l’âge de la retraite !

Le problème est que l’on parle de la retraite depuis 20 ans, toujours sous l’angle de « il faut travailler plus longtemps » en augmentant l’âge de départ ou le nombre de trimestres.
Or, traiter le problème « simplement en travaillant plus longtemps » ne règlera probablement qu’une question économique, sans rendre le système plus juste et plus égalitaire.

La CFTC estime que le système actuel est en effet injuste : Depuis toujours, elle est favorable à système universel par points, plus juste et plus égalitaire.
Bien que ce système ne semble plus d’actualité, le pdt Macron a insisté il y a 1 mois sur le fait que tout le travail fait avec les partenaires sociaux pendant près de 2 ans ne devait pas être inutile. Nous gardons donc espoir, et attendons que le Gouvernement s’applique à respecter les deux grands principes de cette réforme que sont l’universalité et l’équilibre du système, et pas seulement le volet économique.

La CFTC reste ouverte au dialogue car il est également indispensable de traiter certains sujets, tels que la pénibilité, et le travail et l’emploi des séniors (qui ont énormément de difficultés pour trouver un emploi).

Dans 9 mois, nous aurons une élection présidentielle. Sur cette période, nous avons des craintes de surenchères, d’affirmation sans connaître le sujet (comment financer les retraites, alors que nous n’avons pas encore les chiffres sur les conséquences de la période COVID19, qui sont attendus pour cette fin d’année ?), de prétendre qu’il suffit de repousser l’âge de départ d’1 ou 2 ans ou d’augmenter la durée de cotisation ce qui ne règlera pas le problème. L’intérêt du travail réalisé sur cette réforme est que la CFTC avait une vision globale des sujets et pouvait s’attaquer à l’ensemble des problématiques de la retraite, et pas seulement au volet économique. La CFTC réaffirme son souhait d’œuvrer pour un système plus juste et plus égalitaire.

Sujets « en panne » :

La CFTC est dans l’attente de la reprise d’une réelle négociation nationale sur le partage de la valeur ajoutée : pour un partage plus équitable pour les salariés.

La reconnaissance des « secondes lignes » est aussi un sujet très important, puisque la négociation n’est toujours pas terminée (4,5 Millions de salariés en France n’ont toujours pas bénéficier d’une prime) !

K.M.

*Note :
À la suite de son annulation partielle par le Conseil d’État en novembre 2020 (Décision n° 434920 du 25 novembre 2020), un nouveau décret du 30 mars 2021 (Décret n° 2021-346 du 30 mars 2021 portant diverses mesures relatives au régime d’assurance chômage) reprend, en les amendant, les dispositions relatives au mode de calcul de l’allocation chômage et à la contribution des employeurs.
Avec les nouvelles règles de calcul de l’allocation chômage, le Gouvernement poursuivait un objectif : favoriser les emplois durables. Le Gouvernement souhaitait pour ce faire rendre moins favorable l’indemnisation chômage des salariés alternant périodes d’emploi et périodes d’inactivité, mais aussi mettre en place un système de bonus-malus sur les cotisations chômage dues par les employeurs, pour inciter ces derniers à proposer des contrats longs.

La juge des référés du Conseil d’État a observé qu’alors même que le contexte économique s’améliorait ces dernières semaines, de nombreuses incertitudes subsistent quant à l’évolution de la crise sanitaire et ses conséquences économiques sur la situation de celles des entreprises qui recourent largement aux contrats courts pour répondre à des besoins temporaires. Or ces nouvelles règles de calcul des allocations chômage pénaliseront de manière significative les salariés de ces secteurs, qui subissent plus qu’ils ne choisissent l’alternance entre périodes de travail et périodes d’inactivité.

Alors que la réforme prévoit de différer au 1er septembre 2022 la mise en œuvre du système de bonus-malus pour les cotisations dues par les employeurs, précisément en raison des incertitudes sur l’évolution de la situation économique et du marché du travail, les nouvelles règles de calcul pour les salariés devaient s’appliquer dès le 1er juillet 2021. La juge des référés a considéré qu’en effet le Gouvernement faisait une erreur manifeste d’appréciation de la situation, entachant ainsi l’application immédiate de la réforme pour les salariés.
Pour cette raison, l’application des nouvelles règles de calcul des allocations pour les salariés qui perdront leur emploi à compter du 1er juillet 2021 a été suspendue.

« Le Conseil d’État nous demande d’attendre encore un peu » et « censure uniquement la date d’entrée en vigueur », a estimé la ministre du Travail, Elisabeth Borne. « On va examiner les réponses qu’on peut apporter pour rassurer sur la reprise économique et la dynamique de l’emploi » afin de permettre « une application rapide de la réforme », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.